En quinze jours deux démissions importantes sont observées à la mairie de Bénouville. Une situation qui intrigue les conseillers de l’opposition et surprend la population.
Lundi soir, 29 février. Jour de conseil municipal à Bénouville. La séance promet d’être « rythmée ». Quelques jours plus tôt, un article paru dans no colonnes annonçait « la démission surprise » d’Anne Andrieu, une conseillère municipale « très impliquée » sur le dossier des rythmes scolaires.
Une manigance à la base
La raison de cette démission ? Officiellement, « une maladresse » selon le maire, qui aurait oublié de la convoquer à une commission. Officieusement, en réalité, « c’était une réunion de la majorité municipale qui avait pour objet l’éviction d’Odette Ouinas ! » Anne Andrieu risquait de s’opposer à cette « manigance », commente un élu. Et ce fut la goutte d’eau. Tel pourrait être résumé le contexte préalable à ce conseil du 29 février, qui a attiré autant les habitants que les élus eux-mêmes. On se serait cru en période électorale.
Le point 6
A l’ordre du jour de ce conseil, une longue présentation du compte administratif. Un document qui retrace l’ensemble des mandats et des titres de recettes d’une collectivité locale. Prenant également en compte les engagements juridiques en dépenses et en recettes. Il doit être soumis aux élus, en présence du Receveur Principal, qui accompagne le maire dans la gestion de sa commune. A cette occasion, on aura appris que la commune de Bénouville ne peut pas investir. Pas de marge de manoeuvre lorsque sa capacité d’investissement se situe entre 20 et 23 euros, alors que dans les communes semblables, la moyenne d’investissement par habitant serait de 200 euros, soit dix fois plus.
Un public médusé
Le public s’était déplacé pour ce fameux point six de l’ordre du jour : « Suite au retrait de la délégation de fonctions à la 1ère adjointe par arrêté du 23 février 2016 et notifiée à l’intéressée par courrier le 24 février et conformément aux dispositions de l’article L2122-18 et suivant du CGCT, le Conseil municipal doit se prononcer sur la maintien ou non de l’adjoint dans ses fonctions ».
L’ensemble de la majorité aurait été préalablement « briefé ». L’opposition par la voie de Clémentine Le Marrec n’a pas souhaité s’impliquer dans un vote « qui concerne la majorité et elle seulement ». Même si elle déplore « le manque d’élégance du maire à l’égard de son adjointe. Quel message, poursuit-elle, veut-il envoyer à ses électeurs et au-delà ? »
Le maire Salvatore Bellomo est connu ici un homme à « poigne », « une forte personnalité ». Et il va le montrer au cours de ce vote avant lequel il interdit à l’élue « incriminée » de s’exprimer. « Scandaleux ! », crie t-on dans la salle. « Où est la démocratie ? », entend-on encore… Le maire se reprend et propose que l’élue s’exprime après le vote. Désapprobation généralisée. Finalement, Odette Ouinas, l’élue appelée à être déchue a pu s’expliquer avant le vote : « quelles sont vos [les] réelles motivations pour faire voter ce soir le retrait de ma fonction d’adjointe ? »
Réponse du maire : « lorsqu’un élu, un maire adjoint n’arrive (nt) pas à trouver sa place au sein d’une équipe municipale, les conséquences sont inévitables ».
Pour comprendre
Tension à tous les étages selon un élu qui souhaite garder l’anonymat. Lors de la Commission urbanisme un élu s’est emporté et a « menacé de partir s’il n’était pas écouté ». Le 22 février, « Commission vie associative » : un autre s’énerve : « ça suffit, c’est ma commission, je décide c’est ma commission ». Ambiance explicite qui s’est conclue par la démission d’Odette Ouinas, la cheville ouvrière de la campagne de Salvatore Bellomo. Son péché « mignon » ? « Elle a souvent donné un avis contraire à celui du maire ». CQFD !
Emile S. FOUDA
Odette Ouinas à gauche, a été démise de ses fonctions par Salvatore Bellomo.