Des menaces
Depuis quelques mois, des menaces, aujourd’hui disparues, pesaient sur la maternité et les urgences de Bayeux. Puis plus insistantes et finalement confirmées par l’Agence régionale de santé (ARS), celles concernant les urgences et le service de médecine de l’hôpital d’Aunay-sur-Odon sont devenues réalité. Déclenchant une vive réaction des élus du secteur. ”La réunification de la Normandie a eu lieu. Des communes se sont rassemblées pour n’en faire qu’une, parfois à 25. La géographie des cantons a changé. L’organisation des services publics dans les territoires va être amenée à se modifier également. Appelé en urgence, le “Dr Tourret” livre un diagnostic, qui se voudrait froid et lucide. Sans ambages! C’est que, Alain Tourret, en réalité député de la 6e circonscription, bat la campagne du Bessin et du Bocage pour rassembler la population du territoire autour de ces deux hôpitaux, qui font travailler plus de 1500 agents. “Nous nous plaçons dans une démarche constructive”. “Nous”: le maire de Bayeux, président du conseil de surveillance de l’Hôpital dont les urgences et la maternité étaient menacées de fermeture. “Nous”: le maire d’Aunay-sur-Odon, qui partageait le même sort. Aujourd’hui, c’est acquis: les urgences sont condamnées malgré ses 7500 entrées, largement en-dessous des 15000 préconisées par la tutelle. Son service de médecine aussi. “Pas question d’en rester-là. Il faut faire montre d’innovation” affirment le député et tous ces élus, venus rencontrer Monique Ricomes, la directrice générale de l’ARS pour lui soumettre leur projet et leur lot d’inquiétudes.
Ce jeudi qui pourrait changer la donne
Sur le plan économique, l’ARS se montre comptable des résultats des hôpitaux publics. Un déficit de 1 million d’euros à Bayeux. Le centre hospitalier d’Aunay-sur-Odon affiche un bas de bilan de moins 450 000 €. Pour l’Agence régionale de santé (ARS) seul “un retour rapide à une stabilité financière” pourrait infléchir une décision quasiment définitive. Malgré les mobilisations multiplient des personnels ( infirmières, aides-soignants et techniciens, médecins) et syndicats, les dés semblaient jetés jusqu’à ce jeudi, 25 février, qui pourrait changer la donne.
Le futur Groupement Hospitalier
“Nous essayons de faire des propositions à l’ARS”, inisite Sylvie LE Nourrichel, conseillère départementale du canton et parler de l’avenir d’Aunay-sur-Odon, que l’on situe sur la carte , entre Bayeux et Vire, à 25-30 minutes de chacune des deux villes.
Une motion rédigée par les principaux élus a été présentée aux collectivités sur le futur Groupement Hospitalier de Territoire (GHT), un concept nouveau que l’ARS va développer dans l’ensemble du territoire normand. Ici dans le Bessin et Pré-bocage, sa mise en place passe trois soucis: “répondre aux besoins de la population, en conservant l’accès aux soins de proximité, notamment gériatriques; développer l’excellence en matière de rééducation, spécialité d’Aunay; Assurer la pérennité du site et bien entendu, s’inscrire dans la logique du GHT“.
Une partie de la population est fragilisée.Imaginer un report aisé des patients dans d’autres sites n’est pas concevable pour les élus. En revanche, ils considèrent qu’une réponse complémentaire avec l’hôpital de Bayeux est parfaitement envisageable pour la filière “gérontologique” dans la perspective de maintien d’une offre de soins de SSR ( Soins de Suite et de Réadaptation) polyvalent à orientation gériatrique”. L’hypothès leur semble d’autant plus crédible et réaliste que les deux sites fonctionnent déjà avec une direction commune. A Aunay, le site hospitalier dispose d’espace, de bâtiments, de personnels et de moyens financiers pour proposer des alternatives à l’hospitalisation “dans le cadre du virage ambulatoire, en s’appuyant sur les savoir-faire existants“, défend Pierre Lefèvre, maire et président du conseil de surveillance de l’hôpital.Le projet passe également par le maintien des lits identifiés de soins palliatifs sur les deux sites. “Nous sommes en accord avec la transformation du service des urgences en centre de soins non programmés de proximité“. Mais, pour les élus, celui-ci doit ouvrir de jour et 7/7.
Autres points du projet
L’excellence en matière de rééducation. Le service de rééducation neurologique est une spécialité et une référence régionales avec un plateau technique disponible: accueil des traumatisés crâniens, ou des accidents vasculaires cérébraux (AVC).”L’accueil des 17 lits de SSR neuro-locomoteur du Chu de Caen, souhaitée par la direction générale, en accord avec celle de Bayeux-Aunay est ainsi en complète cohérence avec cette orientation stratégique de l’établissement“. On devrait y ajouter les 8 lits “Etats végétatifs” permanents prévus par le Sros (schéma régional d’organisation sanitaire). La construction d’un bâtiment spécifique s’imposerait: 1.5 million d’euros pour son financement assuré. Une provision de 3 millions d’euros également. “Elle existe” a affirmé le maire P. Lefèvre.
Une démarche rare en France
Assurer la viabilité du site et la pérennité de l’offre de soins. Monique Ricomes, le préfet de santé de Normandie en est saisi. Un expert demandé par le député Alain Tourret a été nommé, pour examiner la viabilité potentielle d’un tel projet dans le Bessin et le Pré-Bocage. Il s’agit de Christiane Coudurier, directrice générale du CHU de Nantes. Verdict dans quelques semaines. “Nous souhaiterions bénéficier d’un delai de six mois à un an pour finaliser les conditions de faisabilité de notre proposition“, affirment en substance les élus et les équipes des deux territoires de santé (Bayeux et Aunay sur Odon). Une démarche rare en France!
emile s FOUDA