
Les sept têtes de listes candidates à la mairie d’Évreux. En haut (de g. à d.) : Vincent Breuil, Emmanuel Camoin, Guy Lefrand, Mélanie Peyraud. En bas : Guillaume Rouger, Rachid Talbi, Timour Veyri. (©La Dépêche d’Évreux)
J-7 avant le premier tour de l’élection municipale 2020 à Évreux. Sept candidats se font face dans cette course pour convaincre les électeurs ébroïciens. Les voici, dans l’ordre alphabétique :
- Vincent Breuil, La liste citoyenne
- Emmanuel Camoin, Rassemblement ébroïcien
- Guy Lefrand, Pour vous, la liste des gens qui aiment Évreux
- Mélanie Peyraud, Lutte ouvrière, faire entendre le camp des travailleurs
- Guillaume Rouger, Évreux avance
- Rachid Talbi, La vraie liste citoyenne
- Timour Veyri, Évreux Ensemble
10 THEMES, 10 QUESTIONS. Pendant 10 jours, chaque jour à 18h jusqu’à la veille du weekend du premier tour de l’élection municipale, nous posons une question aux sept candidats d’Évreux. Ces réponses sont extraites de notre questionnaire, publiée chaque mardi et chaque vendredi dans nos hebdomadaires Eure Infos et La Dépêche d’Évreux, depuis le 7 février 2020. Dans cette série, tous les candidats répondent à quatre questions sur chaque thématique définie (écologie, sécurité, grands aménagements, éducation, économie, attractivité, agglomération, sports, culture, et démocratie). Nous en avons sélectionné une pour chaque thème.
La question du jour porte sur le coût de l’eau et des impôts locaux.
Les lois de la gravité
Petite planète habitée de 47 733 âmes (source Insee, 2017), en orbite autour de Rouen et Paris, Évreux souffre d’un manque d’attractivité et de reconnaissance. Longtemps confondue avec Dreux, souvent décriée à l’extérieur, la ville se cherche une identité depuis des lustres pour échapper aux forces gravitationnelles de la Seine-Maritime et de l’Île-de-France. Pour attirer les médecins qui lui font défaut et tenter de capter les entreprises dont elle a besoin pour résoudre ses problèmes de chômage.
Travaux d’embellissement du centre (rues Chartraine, Oursel, place du Grand-Carrefour, etc.), déblocage d’une enveloppe de 300 000 € dans le cadre du Fonds d’Intervention pour les Services, l’Artisanat et le Commerce (FISAC) pour moderniser les commerces, aide financière de 1,9 million d’euros de la Région Normandie, participation au plan national « Action Coeur de Ville« … Les tentatives sont nombreuses pour améliorer la vitalité et l’attractivité de la ville.
Pourtant, Évreux a perdu 2000 habitants entre 2012 et 2017. Parfois au profit de petites communes voisines, parfois… définitivement. Le coût de certaines prestations publiques y est-il pour quelque chose ? En 2015, le magazine 60 Millions de consommateurs couronnait Évreux d’un triste record : après une augmentation de 37% entre 2011 et 2014, à 5,17 euros/mètre cube, l’eau y était la plus chère de France !
Lire aussi : Municipales 2020 : qui se présente sur les 7 listes candidates à Évreux ?

Prise en étau entre Rouen et Paris, Évreux cherche les moyens de booster son attractivité. (© photo : Patrick Auffret / L’Eure de l’ULM)
La question
Notre question du jour est donc la suivante :
Attractivité : quelle orientation pour le prix de l’eau et les impôts ?
Les réponses
- Vincent Breuil, La Liste Citoyenne : « 14m3 d’eau gratuits »
« L’eau est un bien public, elle fait partie de nos communs et nous devons gérer cette ressource. Nous mettrons en place une tarification progressive : les 14 premiers m3 par personne seront gratuits, et ceux qui gaspillent paieront l’eau au prix fort. Ainsi, la facture va baisser pour les habitants. L’attractivité d’une ville est liée à la qualité des services rendus, c’est la priorité des arrivants. Le consentement à l’impôt dépend de l’utilisation qui en est faite : assumons notre contribution juste et nécessaire, car c’est en mutualisant les services par le collectif que chacun gagnera en pouvoir d’achat. »
- Emmanuel Camoin, Rassemblement Ébroïcien : « Pas d’augmentation »
« Nous n’augmenterons pas les impôts dont les montants faramineux ont fait fuir nombre d’habitants. Des économies peuvent être réalisées dès lors que l’on cesse d’alimenter le communautarisme. En ce qui concerne l’eau, le prix prohibitif vient du fait que certaines communes d’EPN ne sont pas raccordées au réseau d’eaux usées. Il faut donc lisser les prix au sein d’EPN afin que tous participent au retraitement des eaux usées. Nous entamerons pour cela des négociations avec EPN afin de parvenir à un accord gagnant-gagnant. »
- Guy Lefrand, Pour Vous : « Baisses d’impôts »
« J’ai fait le choix depuis 2014 de servir le pouvoir d’achat des Ébroïciens. Avec une baisse de l’impôt foncier bâti de 2 % et une baisse du prix de l’eau (- 8 %) et sur l’abonnement (- 10 %). Et pour les entreprises, une baisse de 3 % de la CFE. Concernant l’eau « gratuite », je n’y crois pas, c’est un mensonge. Comment investir dans l’entretien des réseaux et des équipements pour une eau de qualité, sans avoir des recettes ?
- Mélanie Peyraud, Lutte Ouvrière : « Livrés aux appétits privés »
« Suez (Eaux de Normandie) fait son beurre avec l’eau depuis un an. Les services à la population, même ce qui est le plus indispensable, sont livrés aux appétits des groupes privés avec l’accord des majorité municipales ou des communautés d’agglomération. On nous promet alors que les prix n’augmenteront pas, voire qu’ils baisseront ! En fait, comme pour le reste de l’activité économique, la population n’a pas son mot à dire. C’est tout l’inverse qu’il faudrait : les populations, avec les associations, les syndicats, les salariés des entreprises elles-mêmes, devraient pouvoir contrôler, vérifier pour imposer l’intérêt collectif. C’est la même chose pour les impôts locaux : la dotation de l’État diminue et bien des communes populaires se retrouvent prises à la gorge. La population n’a pas son mot à dire sur les impôts et leur utilisation. Le contrôle, l’intervention des travailleurs, des chômeurs, des retraités sur ces terrains, c’est ce que défendraient une mairie au service des travailleurs. »
- Guillaume Rouger, Évreux Avance : »Réhabiliter les réseaux »
« Sur 100 m3 d’eau captés, environ 70 m3 parviennent seulement chez le consommateur. Nous soutiendrons, auprès d’EPN, un programme de réhabilitation de nos réseaux pour préserver notre ressource eau et retrouver un équilibre financier. Sur les impôts de la ville comme de EPN, nous nous engageons à ne pas les augmenter. C’est un engagement fort, car il faudra, dans le même temps, prévoir la baisse de 2 % de la taxe foncière ville, qui a été décidée pour des raisons électoralistes, mais qui n’est toujours pas financée, soit 400 000 € par an. »
- Rachid Talbi, La vraie liste citoyenne : « Difficile de diminuer l’impôt »
« Avec 5,01€ le mètre cube d’eau, la commune d’Evreux a la palme d’or de l’eau la plus cher de France. Les investissements des usines de traitement et d’assainissement ont été décidé tardivement par les responsables politiques successifs. Les fuites d’eau doivent réparées en urgence pour baisser le prix de l’eau et étaler la dette sur une période plus longue. Les nouveaux compteurs et l’externalisation de la gestion devrait y contribuer, un rapport annuel destiné aux ébroïciens est obligatoire. Quant aux impôts, avec un encours de la dette de 8 M€, il sera difficile de diminuer l’impôt. Je propose un moratoire de 5 ans sur l’augmentation des impôts jusqu’à ce qu’à ce que la dette soit stabilisée. Ensuite travailler sur l’attraction de nouvelles entreprises pour augmenter d’avantage les revenues économiques. Enfin réduire l’indemnité des élus de 10%. »
- Timour Veyri, Évreux Ensemble : « Redonner du pouvoir d’achat »
« Nous travaillerons à la baisse du prix de l’eau, notamment par l’amélioration significative du réseau, dont la vétusté entraîne un important gaspillage. Concernant les impôts, il n’a échappé à personne que des baisses ont été annoncées juste avant les élections municipales. Ces baisses n’ont d’ailleurs concerné que les propriétaires fonciers, qui bien souvent n’habitent pas à Évreux. Pour compenser ce cadeau fiscal, des dotations de la ville ont été terriblement réduites (- 400 000€ pour la Caisse des écoles et la Médiathèque), les PV pleuvent sur nos voitures, les tarifs des services publics et la dette de la ville ont augmenté. Malgré cette situation difficile, il faut redonner du pouvoir d’achat aux Ébroïciens. C’est pourquoi nous baisserons les prix des services publics quand cela sera possible, et nous ne souhaitons pas augmenter les impôts. »
Les autres questions du jour :
1) Quelle écologie pour Évreux ?
2) Quels moyens pour la Police municipale ?
3) Quel avenir pour l’îlot Saint-Louis ?
4) Y a-t-il assez de moyens (places, personnel) dans les crèches municipales ?
5) Zones commerciales : stop ou encore ?