
Deux habitants du Pays d’Elbeuf sont bloqués sur un bateau dans les Caraïbes à cause de suspicions de cas de coronavirus à bord. (© MN/76actu/Illustration)
Deux habitants de Bosroumois, dans le Pays d’Elbeuf, sont actuellement coincés sur un paquebot au large de la Martinique. Le bateau, de la compagnie Costa, compte 2 500 passagers à son bord. Et, d’après nos informations, au moins quatre cas suspects de coronavirus.
La croisière est en train de se transformer en cauchemar, pour Thierry et Murielle Quemener-Lemoine. Alors qu’ils comptaient profiter de deux semaines de vacances dans les Caraïbes, l’événement s’est transformé en calvaire.
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Une semaine en mer
« On est parti le 5 mars. Mais avant, on s’est renseigné auprès de notre agence de voyages à Elbeuf pour savoir s’il n’y allait pas y avoir de problèmes. Si rien n’était annulé. On nous a répondu que Costa n’avait rien communiqué et que, par conséquent, il n’y allait avoir aucun problème », raconte Thierry.
Il confie cependant avoir eu, avant de partir, « énormément de doutes » sur le bon déroulement de ces semaines de croisière à venir.
Ils atterrissent finalement dans le sud de la Caraïbe et embarque à bord du Costa Magica qui compte 2 500 passagers. « Le premier jour en mer se déroule très bien. Comme prévu. »
Mais, dès le lendemain, le débarquement à Tobago puis à La Grenade n’est pas autorisé. Les passagers doivent rester en mer. « On se détourne alors vers la Barbade », mais là aussi, une fois arrivée devant l’île, le bateau s’immobilise et aucun débarquement n’est possible.
Des tests à la Barbade ?
« J’ai vu une vedette avec deux personnes à son bord accoster notre paquebot. J’ai eu le réflexe de les prendre en photo. » Une bonne idée. Car, en zoomant, il se rend compte que les deux individus portent des combinaisons blanches.
Avec des masques, des surlunettes… Ils avaient des combinaisons SPP et des malles rouges qui servent à transporter des objets à décontaminer »
Il se trouve que Thierry est cadre de santé et qu’il reconnaît très bien ces outils.
La vedette fait un aller-retour et les passagers apprennent qu’ils vont finalement se rendre à Saint-Martin pour continuer leur drôle de voyage.
« À Saint-Martin nous avons pu accoster. Ça nous a fait du bien. On a pu se dégourdir les jambes. »
Mais, le voyage prend à nouveauune drôle de tournure. Alors qu’il devait repartir en direction de la Martinique, le bateau reste un jour de plus en mer, à proximité de Saint-Martin.
Des débarquements annulés
« Des tensions commencent à apparaître à ce moment-là sur le bateau », note le natif du Pays d’Elbeuf. « On monte un collectif pour demander le remboursement du voyage ». Le bateau, finalement, vogue vers la Martinique. Mais, une nouvelle fois, aucune escale.
On est immobilisé à 6 kilomètres des terres. On voit l’île… »
Depuis deux jours, le bateau ne bouge plus. « Et notre collectif s’est largement agrandi. On a obtenu plus de 1 200 signatures pour obtenir le remboursement du voyage. »
Surtout, « dans notre collectif, nous avons un médecin qui a discuté avec le commandant de bord et le médecin de bord. » C’est ainsi qu’il apprend que cinq personnes sont sérieusement soupçonnées d’être atteintes du coronavirus. « Trois membres d’équipage et deux passagers », confie Thierry. Le bateau ne bouge toujours pas.
On est pris en otage par la compagnie. On est confiné de fait, sur le bateau »
Plusieurs questions se posent. Et notamment, comment va se terminer le voyage ? En particulier pour les 200 Italiens sur le bateau qui doivent impérativement retourner dans leur pays.
On est dans le flou total. On ignore complètement ce qui va se passer. Maintenant, on veut rentrer chez nous. On voit de beaux paysages mais là on risque notre santé en restant à bord »
En attente des résultats
Du côté de Costa on tient absolument à relativiser la situation. « Déjà, le bateau n’est pas en quarantaine. Ce qui se passe, c’est la procédure normale dès qu’il y a une grippe sur un bateau », explique-t-on.
Les autorités sanitaires de Fort-de-France sont montées à bord pour faire des tests. On attend désormais les résultats.»
Et s’ils sont positifs au covid-19 ? Pas de réponse de la part de l’entreprise qui assure néanmoins que « des compensations financières vont être proposées aux passagers ».
Pour Thierry, sa femme et les quelque 2 500 passagers, il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que les cinq (ou quatre selon les témoignages) patients ne soient pas atteints par le coronavirus. Et donc ne pas transformer la croisière en quarantaine caribéenne.