
Mercredi 11 mars 2020, ils étaient plusieurs dizaines devant le siège de Log’s à Lesquin (Nord), pour « défendre les droits » des employés du centre logistique Pimkie, transféré en mai 2020 sur le site de Log’s de Wattrelos. (©Amandine Vachez/Lille Actu)
L’année 2020 sera marquée par le transfert de l’activité logistique de chez Pimkie, dans la métropole de Lille (Nord). Un gros changement pour les salariés, dont certains mènent, en mars, diverses actions pour négocier les conditions de ce transfert de Lesquin à Wattrelos (Nord).
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Une forte baisse du pouvoir d’achat ?
Les salariés travaillant actuellement sur le site logistique de Neuville-en-Ferrain (manutentionnaires, préparateurs de commandes et cadres) seront transférés à Wattrelos, dans les locaux de Log’s. Ce changement prendra effet dès le 2 mai 2020.
L’entreprise n’annonce pas de suppressions de postes pour ces 69 salariés, qui redoutent toutefois leurs nouvelles conditions de travail. Pour les négocier et « défendre leurs droits », les salariés inquiets se sont entourés de l’intersyndicale CGT-FO-CFDT, qui porte diverses actions, à quelques semaines du transfert.
De son côté, la Direction de Pimkie s’étonne de ce mouvement. « Nous sommes en pleine période de discussion. Les modalités ne sont pas encore établies. […] La perte du pouvoir d’achat évoquée par l’intersyndicale [de 15 à 20 %, à terme et tous avantages compris, allant des tickets restaurant en passant par les primes, avantages d’ancienneté…, ndlr] qui concerne en fait les tickets restaurants, n’est que présumée », explique l’entreprise. « C’est d’ailleurs un point sur lequel Pimkie est tout à fait vigilant ».
Les engagements de la direction
La Direction de l’entreprise en profite pour rappeler les 11 engagements qu’elle a déjà pris avec Log’s auprès des employés, concernant notamment le maintien des postes (sauf départs volontaires), une prime de transfert, la gestion des dossiers administratifs ou encore le maintien des temps partiels.
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« Faibles propositions », « disque rayé ! »
Le 10 mars 2020, une trentaine de salariés se sont rassemblés devant le siège international de Pimkie, à Villeneuve-d’Ascq, alors que se tenait une réunion CSE. Une action menée pour montrer le désaccord des salariés face aux « faibles propositions de la direction », résume l’intersyndicale, rejointe par la CFECGC et l’Unsa.
Valérie Pringuez, déléguée CGT chez Pimkie, revient sur le déroulé de la journée :
Au démarrage de la réunion, il y a eu la demande de faire intervenir quatre salariés, pour qu’ils expliquent eux-mêmes les raisons de leur mécontentement.
Suite à leur intervention, la séance du CSE a été levée par la direction pour reprendre avec une proposition : celle de rencontrer la société Log’s, vendredi 13 mars, à 9 h. « C’est dans le but d’échanger, ont-ils dit. Il ne veulent pas négocier. C’est là le problème de toute la politique RH de l’entreprise », fulmine Valérie Pringuez.
Pimkie assure de son côté que « le dialogue est déjà opéré ». Un élément de discours repris par la Direction des ressources humaines de chez Log’s, ce mercredi 11 mars, au cours d’une nouvelle action des salariés, au siège de l’entreprise à Lesquin.
Hélène Bonnin, DRH de l’entreprise, n’a pas caché sa surprise de voir les employés devant le siège :
Je ne comprends pas pourquoi vous venez aujourd’hui, nous avons proposé de vous rencontrer vendredi. C’est un rendez-vous prévu pour être un moment d’écoute.

Les employés du centre logistique de Pimkie se sont entourés de l’intersyndicale FO-CGT-CFDT pour faire des revendications à l’entreprise Log’s, pour laquelle elle travaillera d’ici mai 2020. (©Amandine Vachez/Lille Actu)
Elle s’est étonnée des revendications des salariés présents : « Pour nous, cela correspond aux engagements que nous avons déjà pris. Nous avons, il me semble, déjà pas mal joué le jeu », a-t-elle ajouté, faisant référence aux 11 engagements cités en amont.
Mais face à elle se dressait un mur d’incompréhensions. « Ces 11 ‘commandements’ ne signifient rien ! » ; « Qu’est-ce qui nous dit que ces engagements seront respectés ? », ont tonné les personnes présentes, à bout de « se faire balader »… Ce qu’ils ont demandé expressément : un écrit qui ait une valeur juridique, pour rassurer les salariés.
Mais cette dernière n’y a pas répondu positivement : « Ce n’est ni le lieu ni le moment d’en parler. Je vous propose de me transmettre vos revendications, et nous en discuterons au calme vendredi. »
Elle a toutefois averti :
Je vous écouterai. Mais je n’ouvrirai en aucun cas des négociations.
Une phrase répétée plusieurs fois, qui fait office de « disque rayé » pour Maley Upravan, déléguée FO : « C’est ça, qu’on leur apprend, aux RH, à répéter la même chose… »
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Conditions difficiles
Au-delà des questions pécuniaires et de sécurité de l’emploi, les conditions de travail des salariés composent un axe fort de la mobilisation des deux derniers jours. « Ils nous ont usé », nous a confié une salariée, qui redoute l’arrivée dans cette nouvelle structure.
Quand nous sommes venus pour visiter les locaux de Log’s, on a découvert les postes. Quand on a remarqué qu’il faudrait se baisser, on s’est vus répondre ‘Il va falloir penser à changer de métier’. Comment voulez-vous qu’on ait confiance ?
Et Valérie Pringuez de souligner que 28 personnes sur les 69 sont concernées par des restrictions médicales, et donc par une attente d’adaptation des postes. « Les postes seront adaptés, cela a été dit dès le début ! », a répondu Hélène Bonnin. Et d’ajouter à d’autres demandes fusant de toute part :
Notre souhait n’est pas que les personnes qui intègrent l’entreprise ne s’y sentent pas bien, loin de là !
Petits rires et commentaires acerbes ont montré que les salariés n’ont pas été convaincus par le discours. Affaire à suivre…