
Les associations de lutte contre la pauvreté craignent le retour des sans abri à la rue après la fin de la trêve hivernale, en pleine épidémie de coronavirus. (©Adobe Stock / Illustration)
Les sans abri sont-ils les grands oubliés de la lutte contre la propagation du coronavirus ? Alors qu’ils font partie de la catégorie des personnes les plus fragiles, il est peu question de leur sort depuis le début de l’épidémie qui touche la France.
Pour mieux les protéger, les Restos du cœur et plusieurs associations dont la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), la Fondation Abbé Pierre, Emmaüs ou encore l’Armée du Salut, ont parallèlement lancé un appel au gouvernement.
Dans un courrier adressé lundi 9 mars 2020 au ministre du Logement Julien Denormandie, ils demandent un report de la fin de la trêve hivernale, prévue pour le 31 mars.
Coronavirus : Les Restos du Cœur demandent au Gouvernement de reporter la fin de la trêve hivernale. pic.twitter.com/xcf0bhebGD
— Les Restos du Coeur (@restosducoeur) March 10, 2020
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Pour leur santé et dans l’intérêt général
Les acteurs luttant contre la pauvreté réclament que les près de 12 000 places d’hébergement ouvertes pour l’hiver soient maintenues et qu’aucun sans abri ne soit remis à la rue sans solution d’hébergement après le 31 mars.
« On espère être entendus », réagit auprès d’actu.fr Patrice Blanc, le président des Restos du cœur.
Les personnes à la rue sont très fragiles d’un point de vue pathologique. Et il est beaucoup plus plus difficile pour elles d’avoir un suivi sanitaire. Sans compter que pour se tenir chaud, elles ont tendance à se rapprocher les unes des autres.
Difficile dans ce contexte de respecter les « mesures barrières » recommandées par le gouvernement à la population générale : se laver régulièrement les mains, respecter une distance de sécurité entre chaque personne, etc.
« Ne pas laisser les personnes hébergées retourner à la rue, c’est pour leur santé mais aussi dans l’intérêt général, afin de limiter les risques de propagation du virus », ajoute Patrice Blanc.
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La campagne des Restos du cœur perturbée
Chaque jour, les bénévoles des Restos du cœur voient environ 5 000 personnes aux points de distribution alimentaire qu’ils assurent dans les grandes villes. Cet hiver, la campagne a été perturbée par le nouveau coronavirus.
« On a dû revoir notre mode de distribution depuis le début de l’épidémie. On prend des précautions pour garder nos distances, raconte le président. Alors, si d’autres sans abris reviennent d’ici la fin du mois, ça va être encore plus compliqué. »
Mêmes difficultés depuis quelques semaines dans les centres de distribution des Restos. Outre ceux qui ont dû être fermés, dans les « clusters » (ou foyers de regroupement de malades), le fonctionnement de tous les centres « se fait dans des conditions dégradées. »
On a mis en place des mesures, comme étaler les horaires d’accueil, préparer à l’avance les colis de nourriture, fermer les coins café… On sait qu’on devra encore s’adapter pour les prochaines semaines, voire les prochains mois.
Reste que la campagne hivernale des Restos du cœur prendra fin comme prévu le 15 mars prochain.
La grande collecte des Restos elle aussi affectée
La collecte nationale des Restos du cœur se tenait le week-end dernier, les 6, 7 et 8 mars, dans les grands magasins. Son objectif, comme tous les ans : compléter les sources d’approvisionnements de l’association. Mais cette édition risque d’être entachée par le coronavirus.
« Nous n’avons pas encore fait le bilan sur les dons mais on sait qu’on sera en-dessous des objectifs qu’on s’était fixés », regrette Patrice Blanc. La cause, selon le président des Restos : des ruptures de stocks dans certains magasins et beaucoup moins de clients qu’à l’ordinaire dans les rayons. Sans compter que la collecte n’a pas eu lieu dans plusieurs départements, frappés par des mesures de confinement en raison de l’épidémie : l’Oise, le Morbihan, la Haute-Savoie et le Haut-Rhin. « On attend la fin de la campagne d’hiver pour faire le point et voir comment faire jouer la solidarité des unités départementales entre ceux qui ont plus ou moins reçu. »
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