
Face à la propagation du coronavirus, des mesures d’hygiène seront prises dans les bureaux de vote. (©(©JB/Lille actu/Illustration))
Inquiétudes sur la tenue du scrutin, mesures d’hygiène à prévoir dans les bureaux de vote, réunions publiques annulées, candidats confinés… Depuis plus de deux semaines, la campagne des élections municipales est fortement chamboulée par la propagation du nouveau coronavirus en France.
Le risque d’une forte abstention se dessine à mesure que la psychose liée au Covid-19 grandit au sein de la population. Selon un sondage Ifop pour Charles.co publié le 6 mars, près de trois électeurs sur dix (28%) sont susceptibles de ne pas se rendre dans un bureau de vote à cause des risques de transmission du virus.
Pourtant, le gouvernement martèle qu’il n’est pas question de reporter le vote. Dans une lettre adressée aux maires le 7 mars, le Premier ministre Edouard Philippe a justifié cette décision : « Les élections constituent dans la vie de nos territoires un moment de respiration démocratique essentiel. Il n’est donc aucunement question de les reporter ».
À quelques jours du premier tour, qui doit se tenir ce dimanche 15 mars 2020, le ministère de l’Intérieur a envoyé une circulaire aux mairies pour leur permettre d’organiser le scrutin dans les meilleures conditions possibles. Aménagement des bureaux de vote, mesures d’hygiène, gestion des files d’attente… Tour d’horizon des principales mesures recommandées.
ℹ️ Élections #Municipales2020 : en raison du contexte sanitaire #COVID19, @CCastaner a pris une circulaire pour garantir la tenue du scrutin et assurer la protection sanitaire des électeurs et des responsables des opérations électorales au sein des bureaux de vote.
Les mesures ⬇️ pic.twitter.com/ObMcDP3Kwl— Ministère de l'Intérieur (@Place_Beauvau) March 10, 2020
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Les lieux de vote spécifiquement aménagés
Le ministère de l’Intérieur demande aux mairies de mettre à disposition un point de lavage des mains « ou à défaut du gel hydroalcoolique » à l’entrée et à la sortie du bureau de vote.
Par ailleurs, il est souhaitable que chaque bureau soit aménagé de sorte à « limiter les situations de promiscuité prolongée ». Ainsi, un marquage au sol pourrait être apposé pour que soit maintenue une distance suffisante (un mètre environ) entre les personnes au niveau du contrôle d’identité, de l’isoloir et de la table de vote.
Dans les lieux qui le permettent, les isoloirs pourront être positionnés avec l’entrée face au mur de manière à ce que les électeurs ne soient pas dans l’obligation de tirer le rideau, une surface propice à la transmission du virus.
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Un mot d’ordre : se laver les mains !
La consigne est répétée maintes et maintes fois : à chacun, il est demandé de bien veiller à se laver les mains ; avant et après le vote pour les électeurs, très régulièrement pour ceux qui tiendront les bureaux. La plupart se situent dans les locaux communaux, scolaires ou sportifs, il devrait donc y avoir des toilettes avec un point d’eau, du savon et des essuie-mains à usage unique.
Les contacts physiques étant à éviter, les électeurs seront invités à présenter leur carte d’électeur et/ou leur carte d’identité sans que les personnes qui tiennent les bureaux aient à les saisir.
Les « mesures barrières » recommandées par les autorités de santé publique doivent être rappelées par un affichage à l’entrée.
#Coronavirus #COVID19 | Pour se protéger et protéger les autres :
Se laver régulièrement les mains
Tousser dans son coude
Utiliser un mouchoir à usage unique
Ne pas se serrer la main📩 Téléchargez les supports de communication https://t.co/J0rF5r9N5t
👉 https://t.co/lMMn8i6Fl1 pic.twitter.com/hbnDSYVEIg— Ministère des Solidarités et de la Santé (@MinSoliSante) March 10, 2020
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Amener son stylo, mais pas de masque ni de gants
Les électeurs peuvent apporter leur propre stylo afin d’émarger, à condition que l’encre soit bleue ou noire et indélébile. À défaut ou dans les bureaux dotés de machines à voter, les responsables seront tenus de nettoyer régulièrement le matériel.
En revanche, le port du masque chirurgical n’est pas utile pour les personnes ne présentant aucun symptôme. Il est réservé aux malades sur prescription médicale, aux contacts avérés haut risque, aux professionnels de santé et de secours.
Il n’es pas recommandé non plus de porter des gants, en particulier pour les personnes qui s’occuperont de placer les bulletins et enveloppes et celles chargées du dépouillement. La circulaire précise à ce sujet :
Le contact se fait dans ce cas par les gants, ce qui n’empêche pas le contact avec les parties du corps exposées (visages, bouches, nez), et le port des gants dissuade de laver les zones contacts (gants).
Avant même la diffusion de cette circulaire, certaines municipalités avaient déjà pris les devants, à l’instar de Montpellier qui a commandé 320 000 stylos afin que chaque votant puisse émarger les listes avec un stylo personnel.
Un recours facilité à la procuration
Pour tenter d’éviter une possible désertion des urnes, Christophe Castaner a demandé aux préfets de favoriser l’établissement de procurations, en particulier pour les personnes faisant l’objet de mesures de confinement ou de prescriptions médicales de maintien à domicile, et pour « les personnes vulnérables ».
Ainsi, ces personnes peuvent demander à un officier de police qu’il se déplace à leur domicile pour recueillir leurs demandes de procuration.
Pour les personnes en hébergements collectifs (Ehpad, hôpitaux…), une personne travaillant au sein de l’établissement pourra être désignée comme référente pour recueillir les demandes de procuration et les transmettre à un officier de police judiciaire.
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Les files d’attente régulées
Pour « limiter les situations de promiscuité prolongée » et pour éviter de longues files d’attente, il est conseillé aux inscrits d’éviter les pics d’affluence (ouverture du bureau de vote, fin de matinée, après 16h). Dans certaines communes, là où ce n’est pas déjà le cas, l’heure de clôture pourrait être décalée à 20h, sur arrêté du préfet.
Il est aussi demandé à chacun de garder ses distances avec les autres personnes présentes à l’intérieur du lieu de vote.
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Quid des situations suspectes ?
La circulaire adressée aux maires par Christophe Castaner prévoit même le cas de figure où un électeur présenterait des signes d’infection respiratoire. Il est rappelé que le président du bureau de vote est « responsable de la police de l’assemblée. Il peut ainsi faire exiger la sortie de la salle de tout électeur qui en troublerait l’ordre ou retarderait les opérations électorales, par exemple en suscitant des craintes ou des menaces liées au virus Covid-19 ».
Mais ceci dans le respect du « principe de proportionnalité » :
Le président du bureau de vote ne peut pas empêcher un électeur manifestement malade de voter dans la mesure où celui-ci a pris toutes les mesures de protection qui s’imposent.
Y aura-t-il assez d’assesseurs ?
Le ministère de l’Intérieur le rappelle : un bureau de vote doit être constitué a minima d’un président et de deux assesseurs. Au moins deux membres du bureau doivent être présents en permanence et le dépouillement doit se faire en présence d’au minimum quatre scrutateurs.
Dans le cas où un maire est dans l’incapacité de constituer un ou des bureaux de vote dans sa commune, la circulaire stipule que « les préfets sont en droit de se substituer à eux, après mise en demeure, pour désigner des délégués chargés de superviser les opérations de vote ».
Avec toutes ces mesures, le ministère se veut rassurant : « les élections municipales seront en mesure de se dérouler partout en France ».
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