
La Brestoise Floriane Leost compte aujourd’hui 140 000 abonnés sur son compte Instagram. (©Floriane_LT)
Les premiers concernés en sont les premiers surpris. Même pour les plus mordus des réseaux sociaux, difficile, quand on se lance, d’imaginer un jour pouvoir en vivre. Sur la toile, ils sont pourtant quelques-uns à Brest à avoir dépassé le “simple” statut d’utilisateur, par la grâce d’un réseau de plus en plus vaste.
Être rémunéré
l y a les YouTubeurs, avec en tête de gondole Alexis Breut, alias LinksTheSun, fort de ses 1,6 million d’abonnés sur sa chaîne qui traite de culture générale, musicale ou de cinéma.
Et puis, il y a les Instagrameurs, dont certains profitent de ce réseau très porté sur l’image pour exercer une activité d’un nouveau genre : influenceur. Le principe : être rémunéré par des marques pour influencer le mode de consommation des abonnés.
Un métier
Pour certains, les gains se limitent à de l’argent de poche. Pour d’autres, c’est devenu un métier à plein temps. C’est le cas de Floriane Leost, 30 ans, dont le compte floriane_lt est aujourd’hui suivi par 140 000 abonnés. La Brestoise de 30 ans a créé sa société il y a quatre ans et engagé une assistante à mi-temps. Une nécessité pour répondre aux impératifs des marques (lire-ci-dessous).
Une activité chronophage
Pour pouvoir percer, les règles sont à peu près les mêmes pour tout le monde : être passionné de photo, se consacrer à des thèmes porteurs comme la mode, les voyages, la décoration ou les bonnes adresses. «Pour que je parle d’un produit proposé par une marque, il faut qu’il m’intéresse et qu’il rentre dans mon univers. Sinon, je décline», révèle Floriane Leost, qui estime n’accepter que 30 % des propositions reçues, certaines sont farfelues.
«Je dis de plus en plus souvent non», indique Élodie Gingast (lepetitmondedelodie, plus de 7 000 abonnés).
Il faut ainsi avoir les yeux rivés sur son compte. Car Instagram demande du temps, beaucoup de temps, surtout quand on est influenceur.
Yoann Le Creff (yoannlcrf sur Instagram, près de 12 000 abonnés), qui a pris la direction du salon de coiffure Barnabé rue Jean-Jaurès, a ainsi dû se mettre en retrait mais avoue consacrer encore «au moins une heure par jour. C’est énormément d’investissement, même si cela reste un plaisir».
IDENTITÉ BRESTOISE
Parler d’une marque de fabrique brestoise sur Instagram serait probablement exagéré. Une identité finistérienne voire bretonne un peu moins. «Selon moi, c’est plus le côté mer qui peut attirer que la ville en elle-même», estime Yoann Le Creff, dont beaucoup de clichés mettent en valeur le Finistère, nord comme sud.
Mais tout de même, l’appartenance locale peut aider : «Quand je demande aux gens pourquoi ils me suivent, c’est parce que je suis de Brest, relate Floriane Leost. J’essaie de mettre la ville en avant avec des bonnes adresses, mes plages préférées dans le coin. Si demain, je déménage à Paris, je ne suis pas sûre que beaucoup de gens continuent de me suivre.»
Car oui, c’est surtout dans la capitale que “cela se passe” : «J’y vais plusieurs fois par mois, voire une fois par semaine. Beaucoup d’événements ont lieu à Paris et beaucoup d’agences et de marques avec lesquelles je travaille sont à Paris. C’est un atout d’être à Brest car les gens identifient les endroits dont je parle mais pour le boulot, c’est surtout à Paris.»
Instagram, sous l’œil des marques

Yoann Le Creff. (©yoannlcrf)
Ils sont plusieurs à dresser le même constat : les marques sont visiblement très attentives et réactives à l’émergence de certains profils sur Instagram. Il n’a en effet fallu aux Brestois interrogés que 2 000 à 3 000 abonnés pour commencer à être contactés pour des demandes de partenariat. Très loin de leur audience actuelle.
«Une sorte de récompense»
Élodie Gingast se remémore ainsi le premier contact avec une marque de thé, seulement six mois après le lancement de son compte. «C’est une sorte de récompense», avoue-t-elle avec fierté.
Pour Floriane Leost, tout est parti d’un bracelet… offert en cadeau par une marque de bijoux. « Ils voulaient que je fasse une photo sur Instagram en échange. Je trouvais cela dingue, je ne pensais pas qu’il était possible de recevoir quelque chose gratuitement juste en postant une photo. »
Des voyages parfois pris en charge
Depuis, l’exercice est rôdé pour la Brestoise aux 140 000 abonnés :
Soit les marques me contactent directement, soit elles passent par des agences. Si elles me proposent un produit sans budget, je veux être libre sur la façon d’en parler. Mais si une rémunération est engagée, elles définissent ce qu’elles attendent, on se met d’accord sur le contenu et le tarif et j’en parle en mentionnant une éventuelle date de sortie ou une nouvelle collection. Il y a un contrat à signer, parfois des clauses d’exclusivité et de non-concurrence. »
Et puis, il y a les voyages, perso ou pris en charge par des compagnies aériennes ou des offices de tourisme. «Mais ce type de voyages, cela dure deux ou trois jours et c’est très intense avec un programme hyper cadré, on sait exactement ce qu’on va faire à telle heure.»