
Franck Jouy, 51 ans, professeur de lycée à Bayeux est président de l’intercom Cœur de Nacre depuis 2014 (©Arnaud Héroult/Liberté le Bonhomme Libre)
Conseiller municipal de Langrune-sur-Mer, Franck Jouy est président de la communauté de communes Cœur de Nacre basée à Douvres la-Délivrande près de Caen (Calvados). Il livre son bilan, revient sur les relations avec l’État et Caen la mer et dégage ses priorités pour le futur.
Pourquoi, dans tous les cas, vous ne serez plus président de Cœur de Nacre après les élections municipales ?
Il y a à Cœur de Nacre la volonté d’alterner (lire l’encadré). Mais il y a aussi le fait qu’à Langrune où je suis élu il n’y a que deux délégués communautaires. Cela oblige à ce que le maire soit élu à l’intercom, cela se comprend et que pour respecter la parité, ce soit une femme qui soit élue également. C’est aussi normal. J’étais prêt à repartir à Cœur de Nacre, ce n’est pas grave je m’investirai à Langrune en cas réélection.
Que retenez-vous en premier de votre mandat ?
Nous sommes passés de 19 000 à 24 000 habitants en intégrant Reviers et Courseulles. Le plus compliqué a été d’appliquer la loi NOTRe (ndlr : portant sur nouvelle organisation territoriale) où nous étions dépendants de la volonté préfectorale. Si on peut comprendre la volonté d’abaisser le nombre d’intercommunalités, il faut aussi tenir compte de la demande du local et de la proximité de la part des élus et des habitants.
« Le préfet voulait assécher nos finances pour que nous allions vers Caen »
Le préfet, l’État, souhaitait que cœur de Nacre intègre Caen la mer ?
Avec l’ancien préfet (Laurent Fiscus parti en début d’année), nous avons eu des relations tendues, difficiles. Pour l’intégration de Reviers, ce fut un bras de fer. L’État doit laisser en priorité les élus décider. Nous avons essuyé des refus de financements de l’État qui avait pour but d’assécher nos finances pour que nous allions vers Caen la mer.
Il faut tenir compte de ce que les gens pensent. Mais cela ne veut pas dire qu’on ne va pas travailler avec Caen la mer.
Cela signifie que la fusion avec Caen la mer n’est plus d’actualité ?
Nous allons rencontrer bientôt le nouveau préfet (Philippe Court). J’ai l’impression que les 6 prochaines années vont être beaucoup plus calmes sur ce sujet.
Cœur de Nacre : un cas à part en Normandie
Si Cœur de Nacre attise les convoitises, c’est du fait de sa spécificité. Territoire riche, touristique, idéalement situé, l’intercom est à la fois la plus petite en taille de Normandie et la 4e plus dense (394 habitants au km2) derrière Rouen, Le Havre et Caen. « En nombre de cadres nous sommes 1er, les revenus par habitant sont plus importants », précise Franck Jouy.
Pour revenir à votre mandat, quels sont les points positifs ?
On peut citer le nouveau centre culturel, le fait que nous soyons peu endettés et dynamiques économiquement. C’est pourquoi nous agrandissons la zone artisanale de Douvres. Il y aura aussi bientôt l’épicerie sociale à Luc.
Et pour la suite ?
Il faut poursuivre la transition énergétique. Nous avons par exemple des panneaux solaires sur la piscine et sur la halle des sports et au gymnase de Douvres. Pour moi le rôle écologique qui revient aux communes sera l’enjeu le plus important. Que ce soit pour lutter contre la précarité énergétique, les nouvelles énergies renouvelables, la mobilité douce, l’entretien des côtes et la lutte contre les inondations.
À propos des ordures ménagères et de son financement, avez-vous manqué de pédagogie ?
Oui. L’idée de la Taxe d’enlèvement des ordures ménagère incitative (TEOMI) est bonne et est plus acceptable que la taxe incitative.
Mais en effet pour ces sujets, il faut discuter, confronter les réalités. Et même si le temps semble long, il faut justement prendre ce temps.
Lire aussi : Ordures ménagères. Près de Caen, l’intercom Coeur de Nacre veut atténuer les différences de facture
Le maire de Douvres prochain président ?
Qui succédera à Franck Jouy à la tête de Cœur de Nacre ? Ce sont bien sûr les futurs délégués communautaires, élus suite aux élections municipales qui en décideront. Mais rappelle Franck Jouy : « il y a toujours eu une volonté d’alterner des présidents issus de Douvres, commune centre (Laurent Huet fut président de 2002 à 2008), de la terre (Alain Yaouanc de Colomby-Anguerny le fut de 2008 à 2014) et de la mer (Franck Jouy). Donc on va retrouver un président issu de la commune centre. » C’est-à-dire Douvres où le maire Thierry Lefort brigue un nouveau mandat. Réponse au mois d’avril.
Quel est votre vœu pour Cœur de Nacre ?
Il faut garder une union forte et une vraie représentativité de tout le territoire. Il ne faut pas qu’une commune décide seule.
Cœur de Nacre, ce sont 32 conseillers. Si j’ai un regret, c’est que les petites communes n’aient qu’un représentant.